dimanche 7 avril 2013

L'art et le beau
  
        

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I. AUTOUR DU MOT: Science et technique
Alors que la science s'efforce de produire un savoir théorique justifié, alors que la technique s'épuise à présenter des procédés de travail ou de production réductibles au savoir faire que développe un apprentissage, l'art a pour fonction de créer le beau: la seule fin de l'art est l'œuvre, la beauté de  l'œuvre.
Si l'on confond la science, la technique et l'art c'est parce que les mathématiques sont belles, la technique n'est plus, de nos jours que l'application de la science, l'artiste utilise nécessairement des techniques dans la production de l'œuvre.
 Mais si on considère l'objet de ces disciplines, pour les mathématique l'objet en général, pour la technique la réalisation de modèles performants, pour l'art la réalisation du beau, il faut nécessairement les distinguer. D'ailleurs cette distinction apparaît en pleine lumière au niveau même de la réflexion comme "retour sur": épistémologie pour la science, philosophie morale pour la technique, esthétique pour l'art.
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II. LA NOTION

 
Si l'art a pour fonction de créer une oeuvre et sa beauté, l'esthétique, discipline qui réfléchit sur l'art, ne peut éviter la question: qu'est-ce que le beau?
Cela revient à demander: y-a-t-il un critère, un instrument de reconnaissance du beau? L'esthétique se comporte en discipline philosophique chaque fois qu'elle cherche ainsi la vérité, en s'efforçant d'ajuster un discours à son objet et de trouver un concept qui permettrait, en déterminant une intuition sensible, de porter un jugement de connaissance sur un objet. Mais cette tentative de réduction du beau au vrai se révèle vite une impasse du point de vue de la beauté naturelle, ce qui n'étonne pas puisque l'homme n'a pas créé la nature, comme du point de vue de la beauté artistique ce qui est plus étonnant puisque l'artiste semble bien le créateur de l'œuvre belle.
- La beauté naturelle
 Si on admet qu'un critère (ou un concept) est universel dans son domaine d'application tous les critères de beauté naturelle (forêt, montagne, rocher, mer fleuve...) proposés se révèlent, tous, particuliers: or un instrument de mesure qui ne mesurerait qu'une fois sur deux devrait être abandonné: ainsi la puissance, la grandeur, la petitesse, l'harmonie elle-même ne sauraient avoir rang de critère universel car la puissance peut effrayer (on est loin de la satisfaction esthétique) la grandeur décourage et éloigne parfois, la petitesse ne retient pas toujours le regard et jusqu'à l'harmonie d'un paysage qui peut lasser par sa fadeur. 
Même l'accord de la nature et de nos sentiments loin de nous satisfaire peut nous désoler et nous amener à clore les volets sur ce coucher de soleil, qui évoque la cruauté d'un deuil. Ce ne serait d'ailleurs qu'un critère subjectif.
Quant à ceux qui veulent faire de l'adaptation d'un corps à sa fonction un critère de beauté du corps biologique, ils confondent la beauté et l'utilité, l'art et la technique, soumettant le beau à bien des variations culturelles en fonction de l'égoïsme humain: on passera des formes généreuses et fécondes propres à la reproduction à la forme unisexe où le semblable aime le semblable.
- La beauté artistique
Se demander si l'art imite la nature, c'est se donner la réponse dans la question, puisque l'art est une production et que la nature est donnée dans l'intentionnalité d'une conscience ek-statique.
Si quelque chose de l'œuvre est souvent emprunté à la nature, le beau est dans l'écart que l'œuvre instaure entre une nature donnée et un monde où l'esprit est chez lui: de la forêt aux piliers des cathédrales, du trèfle des champs au trilobé gothique, du corps humain à celui de l'athlète, du corps de femme à l'origine du monde de Courbet, il y a cette distance dans laquelle jaillit le beau comme une surprise

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